lundi 9 septembre 2013

Analyse des AMBASSADEURS d'Hoblein Le Jeune par Camille Blervacq


Les Ambassadeurs, tableau peint par Hoblein le Jeune en 1533, constitue au premier abord le double portrait d'un ambassadeur, à gauche, et d'un évêque, à droite. Mais si l'on s'intéresse plus attentivement à cette œuvre, on peut remarquer plusieurs détails qui enrichissent ce portait.


Commençons par les quelques livres visibles sur l'étagère à laquelle sont adossés les deux personnages. Ils sont l'emblème du savoir, et le fait que certains soient ouverts montrent bien l'utilisation qui en est faite. A cela on peut ajouter les divers instruments de géométrie et de mathématique, mais aussi le globe terrestre qui symbolise la connaissance du monde, son exploration, notamment la découverte récente de l'Amérique. On perçoit également sur le dessus du meuble des objets propres à l'astronomie, symbolisant l'intérêt porté à l' "exploration" du ciel. Si les deux personnages s'accoudent à l'étagère, c'est qu'ils sont littéralement soutenus par ces connaissances qui font d'eux de véritables êtres humains.



Les détails plus subtiles sont incontestablement la corde cassée de l'instrument de musique sur le meuble en bas, représentation de la discorde, et le crucifix à peine visible en haut à gauche, à moitié dissimulé derrière la tenture, dénonçant tous deux les conflits religieux qui déchirent l'Europe de cette période.


On peut aussi se questionner sur la présence de l'étrange forme sur le sol qui, regardée sous un autre angle, se révèle être un crâne humain. Il s'agit d'une anamorphose nous rappelant que nous sommes tous de passage et que, tous autant que nous sommes, nous ne pourrons échapper à la mort, contrairement au savoir qui, lui, se transmet de générations en générations par l'intermédiaire des livres, par exemple. Mais cette menace n'est pas malveillante, elle doit au contraire s'appréhender avec sérénité pour pouvoir vivre le moment présent dans le bonheur, et non dans la peur du trépas. A travers cette métaphore de la mort, on peut apparenter cette œuvre à une Vanité et au fameux précepte latin "memento mori", c'est à dire "souviens-toi que tu vas mourir".

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